Le marché de Saint-Jean (NB)

Le week-end dernier, je suis allée à St-Jean (N.B.) pour la célébration d’un mariage et lors de ce séjour, dans cette petite ville portuaire de moins de 100 000 habitants située près de la baie de Fundy, il était un devoir pour moi d’aller visiter son marché public intérieur, l’un des premiers en Amérique du Nord ! Et surtout après avoir fait plus de 10 heures de route, il fallait bien que l’épicurienne en moi soit comblée !

Ce qui est le plus frappant lorsque l’on entre dans le marché, c’est la splendeur de son architecture ! Établi depuis 1876, l’édifice, fait majoritairement de brique et de bois, nous transporte directement dans le siècle dernier. On y voit un design particulièrement original dans la structure des poutres de bois qui soutiennent le toit, rappelant la cale d’un bateau à l’envers. C’est Shirley, vendeuse de bouquins, qui me le fait remarquer et m’informe par le fait même qu’au 19e siècle, St-Jean était reconnu pour l’expertise de la main d’oeuvre pour la construction de bateaux. Ce qui explique l’influence des concepteurs de l’édifice.

   

Ce qui est très différent de ce marché est que chacun des kiosques longeant les murs extérieurs de l’immeuble est muni de leur propre bureau au-dessus de ses comptoirs de service. On peut y imaginer les affaires qui se brassaient à l’époque, le marchandage, le troc et aussi le patron qui jetait un coup d’œil à son kiosque par la fenêtre de son bureau perché dans la coque du navire. Aussi, le marché est bâti sur une pente, donc d’une entrée à l’autre du marché il y a une différence d’un peu plus de trois mètres. J’imagine que cela favorisait le nettoyage des kiosques et le drainage de l’eau pour son évacuation à l’extérieur de l’immeuble.

C’est Dwayne King, un employé de Dean’s Meats, une boucherie établie depuis 75 ans au marché de St-Jean, qui m’a raconté l’histoire de l’entreprise de son patron. Lors de l’ouverture du kiosque, on y vendait des bêtes entières ; des orignaux, des chevreuils, des vaches, des porcs et une variété d’oiseaux sauvages tels la perdrix, le canard, et la liste se poursuit. Il m’expliquait aussi que l’abattage se faisait sur place et qu’ensuite on y préparait la viande pour la vente aux particuliers. Tout près d’un des présentoirs du kiosque, on y voit accrochée une photo familiale des Dean prise en 1899. Encore plus beau que Le Trophée de Chasse de Monet, on y voit une riche nature morte, composée de bêtes et d’oiseaux exposés pour tenter les clients et faire des affaires en or.

Fièrement, Dwayne m’amena sur le côté du kiosque de Dean’s Meats pour me faire remarquer la balance pour y peser les animaux. À l’époque, on y accrochait les bêtes pour établir le prix de vente avec le client et ensuite l’animal était transporté à l’arrière-boutique par le rail pour sa préparation et l’emballage.  « Come’on take your picture. You got your picture right there! » me dit Dwayne.

    

C’est avec un peu d’amertume qu’il met en évidence avec le revers de sa main les kiosques de l’allée centrale, majoritairement des vendeurs de souvenirs et d’artisanat locaux. « It’s not what it use to be. People are looking for other things than food when they come here ». Cependant, dans la même phrase il me dit que les affaires au marché n’ont jamais été aussi bonnes !

Si vous avez la chance de passer par le marché de Saint-Jean, n’hésitez pas ça en vaut le déplacement ! On y voit les traces du passé, par les lattes de bois originales qui ornent certains murs, le vieux vernis des comptoirs et surtout en discutant avec les vendeurs, qui fièrement nous partagent leur histoire et leur relation avec ce lieu historique. On y découvre beaucoup de bonnes choses à déguster et aussi on y constate qu’il y a de la place pour tous les genres pour faire un monde, même les kiosques de napperons crochetés et de bonnets de laine !

2 commentaires Ajoutez le vôtre

  1. Suzette dit :

    Eve-Line, merci pour ce beau voyage dans le marché de St-Jean. J’y suis allé souvent et jamais on m’a raconté toutes ces histoires. Tu as vraiment le don de faire jaser! Tes photos sont très belles. Malheureusement, les aliments perdent leur place à ce marché. Pour découvrir les délices gastronomiques – il vaut mieux venir à Moncton et à Dieppe. C’est notre rituel du samedi matin!
    Félicitations pour ton blogue, quelle beau projet et j’aime tes recettes!

    1. eveleduc dit :

      Merci Suzette pour tes beaux commentaires! Effectivement le marché de Moncton est très charmant! C’est certain que lors de notre prochaine visite au Nouveau Brunswick, je vais me faire un devoir d’y repasser!

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